Plaidoyer en faveur du RAW.

 

RAW et profil colorimétrique :

L'intérêt du RAW, c'est qu'on va pouvoir utiliser un profil colorimétrique aussi proche que possible de celui du boîtier, et après on pourra transposer le fichier vers l'espace sRVB en gardant des couleurs plus fidèles et plus nuancées que si on avait directement utilisé un fichier JPG en mode sRGB.

RAW et histogrammes :

Pour le RAW j'expose à droite afin de stocker le plus d'informations possibles dans le fichier et lorsque je le « développe » je peux facilement étirer mon histogramme et avoir de superbes dégradés et du relief.
Une grande latitude de correction est possible dans les histogrammes en RAW. Si en JPEG vous avez un pic à droite ou à gauche, point de salut, en RAW il est souvent encore possible d'en sortir l'information utile.

RAW et balance des blancs :

La photographie animalière est un de mes sujets favoris. Il arrive très souvent que les animaux soient en sous-bois et ils sont alors affublés de couleurs irréelles. La balance des blancs est indéterminable à la prise de vue, car si l'animal se trouve en dessous de tel ou tel arbre éclairé de telle manière, ou dans un trou de lumière, elle est fort différente. Il faut donc nécessairement retoucher la balance des blancs. Le RAW est fait, entre autre, aussi pour cela.

RAW et corrections des aberrations :

Les dématriceurs ont fortement progressé et pas mal d'options sont maintenant venu améliorer considérablement la qualité des développements des RAW. Par exemple, une série présentant un défaut de vignettage demanderait des heures de travail dans un logiciel de traitement d’images, même aussi perfectionné que Photoshop CS3. Avec DPP, il suffit de cocher la case adéquate et le résultat est meilleur en une seconde que tout ce que je pourrais obtenir sous Photoshop. On ne peut pas faire aussi bien avec un JPEG. Il en est de même avec les aberrations chromatiques et certains autres défauts moins spectaculaires.

Contrôle de la totalité de la chaîne de « développement » :

Le RAW est un format professionnel. Il est utilisé par les pros et par les amateurs avertis, qui veulent contrôler entièrement leur chaîne de développement, depuis la prise de vues jusqu'au format 8 bits de sorti en passant par le développement 16 bits en labo numérique.
En effet, un fichier de sortie créé a partir d'un fichier RAW, comprend un travail de labo numérique - de "tireur" numérique - en plus de celui fait par le photographe à la prise de vues. On obtient donc une photo équivalent à ce qui se faisait en argentique lorsque le photographe travaillait de concert avec un labo et un tireur.

Travailler en RAW demande des compétences de tireur numérique, mais permet de travailler sur des grosses quantités de données (RAW) que l'on peut modeler a loisir afin d'en tirer un 8 bits de sortie original, fruit d'une création double : prise de vues et développement en labo numérique. 

Un fichier RAW n'est pas conçu pour rattraper des erreurs, bien que son énorme latitude de traitement le permette. Les boîtiers pros haut de gamme tels que les Hasselblad ne produisent pas de JPEG. On voit donc l'absurdité de l'affirmation que l'on rencontre parfois, "le RAW, est le format du débutant" (le comble du snobisme étant de dire « je soigne tellement mes prises de vue que le RAW est superflu », puisque c'est bien entendu exactement le contraire.

Cependant, le RAW est à la portée du débutant motivé ou bien encadré. Il est extrêmement pédagogique et a pour effet immédiat, dès les premières erreurs constatées, une amélioration répercutée dans la manière de faire la prise de vues.

Pour moi, il y a vraiment beaucoup de raisons pour lesquelles le JPEG me semble insuffisant, mais je conçois très bien que pour pas mal d'autres photographes le JPEG soit amplement suffisant. C’est surtout vrai lorsque l’on doit très rapidement délivrer des photos à un tiers, que ce soit sous forme papier ou sous forme numérique (transferts d’images immédiatement exploitables).

Le JPEG suffit à la très grande majorité des photographes, et c’est très bien ainsi, d’autant que les boîtiers récents et les capteurs d’aujourd’hui délivrent des JPEG d’excellente qualité, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années.

PS : Je ne conseille jamais à un ami qui est satisfait de ses JPEG d’opter pour le RAW, tout simplement parce qu'il y viendra tout seul s’il en ressent le besoin ou me demandera ce que j’en pense le moment venu. Je saurai alors le conseiller.